Pouvez-vous nous en dire plus sur votre démarche de Déconstruction de l’image ?Il s’agit :
1-d’entreprendre une démarche d’analyse visuelle postulant qu’une image n’est pas une référence stable
2-de questionner nos certitudes sur la capacité même de l’image à efficacement cerner la Réalité et
3-
de dépasser la perception immédiate, sensorielle, limitative,
manipulable de la Réalité pour en ouvrir les portes de la Perception
augmentée.
En forçant l’entrée dans l’image, en exposant sa
composition structurelle, en révélant sa matrice numérique invisible,
j’engage un travail volontaire de déprogrammation, de démystification,
de déconstruction de ma perception, qui me permet d’aller plus loin,
au-delà des apparences visuelles, des conformismes culturelles, des
illusions qui conditionnent mon discernement de la réalité, que je pense
vérité……. je m’approprie l’image afin de pousser le spectateur a
s’interroger sur sa perception propre et par extension, la portée
politique de celle-ci.
Pour moi, en effet, dans un monde ou nous
sommes déstabilisés, distrait du berceau à la tombe, qu’on le veuille ou
non, notre capacité a retravailler l’image et le dialogue est la clef
de l’équilibre psychique et politique.
Vos images prennent parfois un tour très abstrait. Quel a été votre processus de création pour ces œuvres ? Je
pars d’une photographie numérique que j’ai réalisée moi-même ou que je
m’approprie en puisant dans cette gigantesque banque de sujets d’images à
laquelle le computer me donne accès et je la manipule avec des
logiciels de traitement d’images. Les images réagissant de manière
aléatoire en fonction de leur composition lumineuse et colorimétrique,
je ne sais jamais vraiment par avance ou tout cela me mène et je décide
au fur et à mesure du processus de création. Des images m’apparaissent
vite, d’autres prennent beaucoup plus de temps. Les logiciels ont aussi
leur part d’auto créativité, je vous l’accorde, et donc l’élément de
surprise est toujours présent. Heureusement.
Pour moi une image est réussie quand elle est aussi figurativement intéressante de loin qu’elle l’est abstractivement de prêt.
Mes
sujets de prédilection sont les scènes d’émeutes populaires
antigouvernementales, éternels symboles de notre quête d’Utopie et les
scènes d’immanence de la Nature.
Et je me laisse toute latitude de me
détendre l’esprit sur d’autre sujets moins ‘concernés’, comme c’est le
cas ici. Stoïque je suis et reste, mais à une certaine légèreté,
épisodiquement atteinte, j’aspire nèanmoins.
Quel a été le déclencheur de ce travail de déconstruction ?Après
m’être laissé m’égarer si longtemps dans les méandres égocentriques de
la propagande de l’image figurative que commande la société du spectacle
pour perdurer, j’en reviens aux fondamentaux, aux études sociologiques,
aux études cognitives, aux sciences du comportement de l’homme que je
suis finalement, simplement. J’en retourne au besoin primordial
d’appréhender le monde d’une manière plus subtile, d’ouvrir par moi même
ces fameuses portes de la Perception que je maintiens plus ou moins
inconsciemment fermées.
La crise systémique de 2008 vécue depuis les
USA m’a aussi ouvert les yeux à la nécessité impérieuse de bien
comprendre la structure précise de la Réalité dans laquelle j’évoluais,
dans laquelle je suis supposé m’émanciper. S’en est suivi une soif
intense du plus de Vérité possible. En quelque sorte, sans vraiment y
prendre garde, je choisissais la pilule rouge à avaler..
Enfin,
et simultanément, mes « études d’image » peuvent constituer un
compendium encyclopédique de la culture visuelle contemporaine qui
engagera aussi l’histoire du passage de l’Art figuratif à l’Art abstrait
en Photographie.
Édition limitée - certificat numéroté et signé par l’artiste.