Comment s'est faite votre entrée en photographie ? La maison dans laquelle j'ai grandi était remplie de photos noir et blanc, celles de John Swope, mon père, qui pratiqua la photographie tout au long de sa vie. Lors de mes études artistiques je me suis concentré sur la pratique de la peinture et des installations, j'utilisais alors la photographie non pour elle-même mais souvent à des fins documentaires. Vers le milieu des années 1990, j'ai commencé à archiver la collection de mon père et, chemin faisant, je me suis tourné entièrement vers la photographie.
Quelle relation entretenez-vous avec la photographie américaine des années 1970, particulièrement californienne, celle qui a amorcé l'exploration du paysage contemporain lors de l'expansion de l'urbanisation et mis en évidence ses effets collatéraux ? J'ai connu le travail de Robert Adams, John Gossage et Frank Gohlke au début des années 1990. J'ai été fasciné par le paradoxe qui émane de ces images, cette tension qui se crée entre le calme du sujet, l'attraction qu'il exerce, qui pousse à aller plus loin dans l'image et l'âpreté des préoccupations environnementales que l'image porte aussi en elle.
Vous vivez à Santa Monica, la plupart de vos photographies ont été prises en Californie. L'on dit souvent que le territoire le plus difficile à traiter pour le photographe est son environnement immédiat. Comment définiriez-vous ce territoire et en quoi vous inspire-t-il ?Je me rappelle me promener Downtown Los Angeles, regardant les bâtiments anciens avec émerveillement, m'attardant sur l'histoire de notre architecture, constatant aussi à quelle vitesse elle disparaît et se renouvelle. J'ai alors réalisé à quel point je n'avais qu'une connaissance très partielle de mon environnement et j'ai donc commencé à pratiquer des sortes de randonnées improvisées dans la ville, découvrant et redécouvrant des endroits que mon père avait documenté dans les années 1930.
Dans Sign Structures, vous abordez un signe mythique du paysage américain : le panneau publicitaire. Comment avez-vous approché ce symbole ? J'ai eu la chance, alors que je travaillais pour le Museum of Neon Art, d'avoir accès aux toits d'immeubles de Los Angeles sur lesquels sont situés de très anciens panneaux. Dans notre société ultra-connectée, où tout est à portée de clics, ces panneaux en tant qu'outils de communication sont devenus complètement obsolètes. Le parti pris photographique de les saisir depuis le toit me permettait de mettre l'accent sur le point de vue dominant dont ils jouissent sur la ville.
Foliage et Structures sont parmi les plus graphiques de vos séries. Quel a été l'élément déclencheur pour ces deux ensembles ?Les séries
Foliage et
Structures sont nées d'une décision très spontanée. Ce sont des photographies très intuitives, issues d'une promenade "éveillée" où mon regard tente de capter ce que l'environnement proche recèle.
Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.