Sylvain Lagarde 

Traumnovelle des Nebels, chap.13 

Traumnovelle des Nebels, chap.13

À propos de l'artiste

Il aime le noir et blanc, le format carré de son appareil 6 x 6, le paysage et l'architecture. Sylvain Lagarde, photographe français, parcourt le territoire et se laisse porter par les espaces croisés. Constructions aux volumes épurés et aux lignes fortes, paysages vastes et minimaux, sa photographie laisse venir le lieu et se déployer dans son cadre. Le noir et blanc vient chez lui tantôt renforcer la structure du sujet par l'usage de contrastes appuyés ou autoriser l'expression d'une atmosphère éthérée par l'utilisation de toute la palette des nuances de gris. Dans les étendues neigeuses qu'il affectionne, l'arbre devient une silhouette noire et frêle, ponctuant le grand voile blanc immaculé du paysage. Ici, comme en d'autres lieux de prédilection de Sylvain Lagarde, l'image invite à la contemplation.

Rencontre

Quelles sont les qualités d'un paysage qui vous attire ?
C’est un paysage qui a quelque chose à dire par ses formes. Dans un premier temps, ce qui s’impose, c’est une géométrie de la nature, plus ou moins affirmée, mais toujours présente. En fait ces formes sont un symptôme et/ou un déclencheur : un symptôme dans la mesure où elles peuvent traduire une réalité de l’homme, du monde, voir une surréalité ; un déclencheur en ce sens que tout paysage que je photographie est en quelque sorte romantique, en ce qu’il est un miroir aussi de celui qui regarde et donc une « toile » de réel sur laquelle se projette l’état d’esprit de celui qui photographie. Un paysage est donc toujours pour moi un état du monde, un état de l’homme, mais aussi un état d’âme…
 
Vous photographiez exclusivement en noir et blanc, vient-il pour vous rencontrer votre désir d'introspection et de silence que dégagent vos images ?
Je n’articulerais pas directement la question du noir et blanc à celle du silence, de l’introspection, et – j’ajouterais – de la mélancolie.
En effet, le noir et blanc reste pour moi – pour le moment… – une évidence, une « grammaire » naturelle et spontané. Et si je vois en noir et blanc, c’est, il me semble, parce que je suis sensible à des stimuli visuels qui appellent le noir et blanc : jeux de contrastes, de graphisme. Le noir et blanc est pour moi un mode d’expression qui se concentre sur l’essentiel, il m’apparaît comme une chambre de résonance où l’on peut paradoxalement faire entendre le silence, et dès lors se vivre soi-même face au monde (l’introspection est au bout de ce silence).
 
Photographiez-vous en toute saison, à toute heure, ou est-il des moments que vous affectionnez particulièrement ?
Je peux répondre à cette question en me plaçant sur deux terrains : celui de l’inspiration et celui de la technique.
Pour ce qui est de l’inspiration, je fonctionne beaucoup par phases (il y a des périodes où je suis ainsi saisi d’un besoin impératif de photographier, quasi-existentiel), et par impulsion (il faut parfois un simple élément visuel déclencheur pour réenclencher la dynamique créatrice qui peut s’être mise en sommeil pendant une période). Ainsi, je peux rester sans photographier longtemps, même si le climat aurait pu se prêter à des prises de vue intéressantes.
Sur le plan de la technique, il est évident que certaines lumières m’inspirent plus que d’autres, et que ces lumières se (re)trouvent davantage à certaines périodes de l’année : en l’occurrence, le printemps, l’automne et l’hiver. Ce sont des lumières de caractère qui m’interpellent ; et ce sont généralement des cieux nuageux, contrastés, pouvant offrir les modelés, qui m’intéressent. J’ai la chance de vivre dans une région vallonnée où le relief et les mouvements d’air construisent des cieux originaux. Pour moi, c’est la lumière qui par son incidence vient modifier la perception qu’on a de ce que l’on voit : elle est un prisme qui métamorphose le réel.
 
Quels sont les auteurs qui vous ont marqué ?
Sur le plan photographique, la liste des influences pourrait être longue… et surtout très éclectique car je ne me sens pas « appartenir » à un genre photographique précis. A vrai dire, je vois des marqueurs forts dans des auteurs comme Cartier-Bresson : pour son sens de la composition et du cadrage. Une certaine photographie humaniste me « parle » beaucoup. Lucien Hervé est une référence également en raison de son sens de la lumière qu’il a su mettre à profit pour découper le réel. Pour donner d’autres noms, je peux renvoyer à Michael Kenna et son sens de l’épure. Des photographes comme Koudelka ou Paolo Nozolino m’ont frappé par le sens du tragique qui ressort de leur photo, et la densité de leur noir renvoie pour moi à une densité existentielle qui trouve des résonances assez fortes chez moi.
Je suis venu à la photographie par le biais de l’écriture… où il est question d’image : dans les deux cas, ce qui m’intéresse est la suggestion, l’implicite, l’association d’idée. Une image doit dire quelque chose, mais il faut que ce qui est dit ne soit pas forcément immédiatement donné : la connotation est un processus poétique essentiel. C’est d’ailleurs ce qui fait que j’aime en peinture les travaux où le réel n’est pas un « tel quel » mais ce que l’on va chercher dans le brouillard de le représentation (et le terme de brouillard me conduit à citer deux auteurs assez différents : d’une part Turner et l’évanescence de ses toiles ; d’autre part Rothko et le voile abstrait de ses couleurs, plein d’une vibrance qui rappelle une brume qu’il faut percer pour découvrir ce qu’il y a voir et à comprendre).

Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste. 

Expositions et prix

Publications

Informations

& commande

Sylvain Lagarde 
Traumnovelle des Nebels, chap.13

2007

Informations techniques

Tirage fine art sur papier Hahnemühle Photo Rag Ultra Smooth - édition limitée, certificat numéroté et signé par l'artiste.

Dimensions

40 x 40 cm, Édition de 50 150.00 €




Du même artiste

Sylvain Lagarde


Du même curator

ART LIGUE, Printemps 2013