Stefano Bianchi 

Composition #12, Inside  

Composition #12

À propos de l'artiste

Né en Italie, Stefano Bianchi est établi en France. Son œuvre est toute entière dédiée à l'exploration de l'essence de la photographie : la lumière. C'est là son sujet. Pour le travailler, il choisit à dessein des objets modestes, qu'un regard rapide qualifierait volontiers de "pauvres" : serpillères et chiffons, boîtes de carton usées, bâches élimées. Mis en lumière sous l'objectif de l'appareil grand format de l'artiste, les objets atteignent une dimension qui leur était jusqu'alors inconnue. La serpillère et le chiffon révèlent une matière complexe et riche, les boîtes confient leur délicatesse quand les toiles de bâche exposent leur picturalité. La photographie de Stefano Bianchi ne témoigne d'aucun événement sinon du regard de l'artiste ; comme le peintre s'y autorise, Bianchi évacue la question du sujet, de la représentation du réel, pour explorer la matière de son médium. L'approche est minimaliste et l'œuvre, d'une éblouissante richesse picturale.

Rencontre

Comment votre regard s’est-il porté sur ces petites boîtes ?
Je les ai trouvées dans un coin d’une remise où elles donnaient l’impression de dormir depuis longtemps. Ça été l’amour au premier regard : je me suis senti comme un enfant qui découvre par hasard des bonbons cachés.
De ces petites formes fatiguées et toutes de guingois se dégageait quelque chose de profondément émouvant. J’ai pensé tout de suite à Giorgio Morandi, artiste que j’admire beaucoup, mais je me suis surtout dit : « Mon dieu, je vais m’amuser énormément… ! »

Les boîtes se pressent les unes contre les autres. Il y a une harmonie, un équilibre, presque une solidarité de formes qui se crée entre elles. Comment les avez-vous assemblées les unes aux autres ? Parlez-nous de ces deux compositions.
En effet, elles se pressent les unes contre les autres. Pour se rassurer ? Pour se tenir chaud ? Qui sait ? Elles sont sans doute modestes et timides.
J’ai commencé par faire plusieurs essais de compositions en utilisant différents fonds. En général, du fait que je travaille en argentique, cela prend pas mal de temps. L’avantage est que dans les allers-retours entre prise de vue et laboratoire on a le temps de bien réfléchir...
Les premiers résultats furent des natures mortes un peu trop anecdotiques et laborieuses. Un peu trop « Morandiennes » aussi.
Au fur et à mesure, un fond très simple, fait de deux planches en bois peintes en blanc, s’est imposé. Ensuite, pas mal d’espace vide autour du sujet pour créer du silence. Une ombre. Et à l’intérieur de ce champ d’ombre, les petites boîtes (et pour une des deux compositions, une petite « fraise » aussi) collées les unes aux autres dans une forme compacte : étrange citadelle imprenable où règne une sorte d’harmonie. De la nostalgie aussi, peut-être.

Votre œuvre s’attache à photographier des objets partageant une même modestie : petites boîtes de carton délaissées, serpillières usées, bâches de plastique élimées. Est-ce là une manière d’écarter la question du sujet représenté pour remettre au centre de l’œuvre, l’essence même de l’art photographique : la lumière et son pouvoir ?
Vous avez parfaitement raison. La vérité est que la photographie, sauf rares exceptions, m’ennuie profondément. Pas assez de mystère, désespérément plate, trop étroitement liée au sujet. En photo malheureusement, le « quoi » est toujours plus important que le « comment ».
Faire de la photographie est devenu d’une simplicité extrême et comme dans ce vaste monde ce ne sont pas les sujets qui manquent, les choses ne s’arrangent pas vraiment. On nous gave littéralement.
Le sujet pour moi n’est que le point de départ, le prétexte. D’où peut-être le fait de choisir toujours des matériaux « pauvres » comme on choisirait des matières premières pour les transformer, à travers le processus d’élaboration, en produits finis où chaque détail compte. Et comme je ne suis ni peintre ni sculpteur, mais photographe, j’utilise la lumière pour les travailler. La lumière et rien d’autre. Pas de techniques de retouche de l’image donc. Jamais.
J’aime beaucoup la recherche, simple, artisanale en quelque sorte, et l’exploration des chemins un peu écartés et peu fréquentés qui mènent à des rencontres et à des découvertes inattendues.
Je suis très content quand, en tordant un petit peu le cou à la photographie, j’arrive à la bousculer et à la faire sortir un peu de sa rigidité constitutive : je peux l’obliger ainsi à montrer un autre coté du réel, celui qui, caché derrière, n’apparaît pas au premier abord. Le coté magique.

Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste. 

Expositions et prix

Stracci, Città delle Donne, Naples, 2006
Stracci, Galerie Philippe Chaume, Paris, 2005
Stracci, Festival International de Mode et de Photographie, Hyères, 2004

Collections publiques : MUDAM Luxembourg, Artothèque de la Ville de Strasbourg

Publications


Informations

& commande

Stefano Bianchi 
Composition #12, Inside

2009

Informations techniques

Tirage fine art sur papier Hahnemühle Photo Rag - édition limitée, certificat numéroté et signé par l'artiste.

Dimensions

15 x 21 cm , Édition de 100
ÉPUISÉ




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